TAKAMATSU : L'EXPLORATION DE YASHIMA

Après un court séjour dans la ville de Kyoto bien trop fréquentée en cette saison, j'avais besoin de retrouver un peu de tranquillité. J'ai donc entrepris une balade dans un des lieux iconiques de Kagawa et plus particulièrement de Takamatsu : Yashima.


Yashima est un îlot volcanique d'un peu moins de 300 mètres d'altitude qui domine la ville et la mer intérieure de Seto. Ce massif montagneux est une attraction prisée de la population locale qui s'y rend volontiers le week-end venu pour profiter des plateformes d'observation ou s'offrir une visite en famille de l'aquarium qui y est implanté. Aussi, un temple a jadis été construit au sommet, celui-ci figurant d'ailleurs sur le tracé du pèlerinage ohenro au numéro 84. Enfin, l'endroit est assez connu des amateurs d'histoire puisque celui-ci fût le théâtre d'une fameuse bataille durant l'ère Genryaku entre le clan Heishi et celui des Genji.

Si la vue sur la mer depuis ce promontoire m'enthousiasmais, c'est surtout les lieux abandonnés que j'avais pu apercevoir sur quelques blogs qui me donnaient véritablement envie de m'y aventurer. A ce sujet, il me faut préciser que je ne suis pas un immense adepte de l'exploration urbaine (ou urbex) et je n'en connais pas les codes de conduite, mais comme ces sites sont accessibles plutôt librement sans devoir forcer le passage en escaladant des murs ou en découpant des grillages, je me suis laissé séduire par l'idée d'y jeter un oeil. Habituellement, il est d'usage de ne pas révéler l'emplacement de ces endroits à l'abandon, mais comme ceux-ci sont connus de tous, il ne me semble pas que je trahisse ici un grand secret.

La première partie du voyage se fait en train. J'ai quitté Busshozan et rejoint la gare de Yashima en empruntant deux lignes de la compagnie Kotoden. Arrivé à destination, c'est le dépaysement garanti : c'est la campagne ! Le hall de la petite gare est typique des stations de province, avec son architecture datée, son ambiance paisible et ses petits coussins disposés sur les bancs pour que les voyageurs patientent confortablement.






Le quartier est très calme et il n'y a pas un chat dehors. Moi qui cherchais un endroit reposant, c'est gagné ! Il y a bien quelques retraités qui flânent dans le coin, mais aucun touriste à l'horizon : c'est un changement radical par rapport à Kyoto !




La première étape de la balade est un petit sanctuaire situé au pied de la montagne. D'ici, la vue est déjà appréciable.




Quelques dizaines de mètres plus loin se trouve l'ancienne station du funiculaire qui permettait autrefois de grimper au sommet de Yashima. Hélas, le service à été supprimé il y a une quinzaine d'années, remplacé par un autobus. C'est avec une certaine excitation que j'ai visité l'endroit et inspecter chaque recoin du local technique et de la cabine. En suivant du regard les rails rouillés accrochés à la falaise et la tranchée qu'ils laissent dans la végétation, on aperçoit vaguement la station d'arrivée au sommet de la montagne. Je ne le sais pas encore à ce moment-là, mais plus tard dans la journée, je pourrais aussi l'observer de près.


























Après être retourné à la gare de Yashima, j'empruntais le bus pour me rendre au sommet de la montagne (attention il n'y a qu'un trajet toutes les heures, il faut bien programmer sa journée !). De là, j'ai pu apprécier le panorama assez impressionnant, surtout avec une météo aussi clémente que cette agréable journée de printemps.









La randonnée débute sur un sentier qui traverse la forêt dense qui recouvre le massif.  Visiblement, l'endroit est apprécié des sangliers et même si je n'en ai pas aperçu de toute la journée, les craquements qui retentissent dans les sous-bois me font penser que ces bestioles poilues n'étaient peut-être pas bien loin... 







A un certain moment, le chemin se scinde en deux. Je prends une direction au hasard et débouche sur les ruines d'un château dont il ne reste pas grand-chose mais qui fait l'objet d'une reconstruction partielle.



Je rebrousse chemin et choisi la seconde direction qui m'amène sur un site autrement plus impressionnant : la seconde station du téléphérique. Notez l'architecture délicieusement rétro et complexe du bâtiment. L'atmosphère dans ce lieu abandonné est très particulière d'autant qu'un type très étrange rôde dans les parages. Il semblerait que ce gars attende mon départ pour s'adonner à quelques pratiques inavouables, si bien que je prends le temps de faire quelques photos mais ne m'attarde pas davantage.

En partant, je m'approche d'une cabane qui faisait office autrefois de boutique de souvenirs et chose stupéfiante, les bibelots sont toujours dans les étagères à l'intérieur ! Il y a même des briques de sirop pour confectionner les kakigori dans la cuisine et de vieilles pellicules pour appareil photo argentique Konica à la caisse !

















Le point final de la visite, c'est cet imposant hôtel abandonné datant des années 60 qui est resté dans un état de conservation plutôt correct : Le Jingoro International Hotel. Surtout, tout le mobilier à l'intérieur est encore présent, comme si le personnel et les clients avaient désertés subitement l'endroit du jour au lendemain. C'est une expérience très particulière que de visiter ces lieux aujourd'hui délaissés mais qui semblaient plein de vie hier encore. Plusieurs établissements avaient été construits sur Yashima mais actuellement, il n'en reste qu'un seul en activité (le Bokaiso) et le Jingoro est l'unique ruine restante, les autres hôtels ayant été détruits il y a quelques années.





J'aborde le bâtiment par l'entrée de service qui donne directement sur le chemin de randonnée. Des centaines de promeneurs passent ici chaque semaine, l'accès est complètement libre ! Un peu plus loin, j'entre par une fenêtre brisée dans le hall de l'hôtel qui à connu des jours meilleurs. Pour autant, tout le mobilier et encore en place et je retrouve même la clé d'une chambre déposée sur le comptoir !


















En contournant un peu les gravats, on peut accéder à la cuisine de l'établissement. Là encore, c'est incroyable de voir que rien n'a bougé, comme si le temps était suspendu ! Gros avantage, la lumière pénètre généreusement dans cette vaste pièce ce qui rend l'exploration facile et un peu moins inquiétante aussi !







Au bout du couloir se trouve le salon de détente, mais je décide de le garder pour la fin. A la place, je pénètre dans la cour et monte dans les étages par l'escalier extérieur en béton qui semble assez robuste. J'ai en effet renoncé à utiliser celui dans le hall qui parait bien esquinté. De là, je peux accéder à quelques chambres dans lesquelles là-aussi, tout est intact ou presque puisque j'ai tout de même l'impression que quelques squatteurs ont investis les lieux à un moment ou à un autre. Tous les coffres-forts sont ouverts, soit par quelqu'un qui cherchait à s'enrichir ou par le personnel de l'époque qui se doutait que cela attirerait davantage les convoitises si ils étaient laissés fermés.


















Je termine l'inspection de cette aile par le toit du bâtiment. J'imagine que le plancher est solide, mais dans le doute, je ne me suis pas trop aventuré près du bord. En contrebas, un gros réservoir gît dans la cour et je me demande si auparavant, il n'était pas fixé au sommet de l'hôtel comme c'est souvent le cas au Japon.



Je redescends et visite la dernière pièce qui contient de vieilles bornes de jeux d'arcade ! Celles-ci me semble irrécupérables, mais quand on connait les tarifs de ces machines de nos jours, c'est tout de même fou de voir qu'elles sont toujours à leur place d'origine !






















Si j'avais déjà visité quelques endroits abandonnés par le passé, j'avoue que cette fois est la première que je considère comme une véritable exploration. J'y ai passé deux bonnes heures et c'était très intéressant. Peut-être que je reconduirais l'expérience à l'avenir. D'ailleurs, après quelques recherches sur le net, je me suis aperçu que j'avais raté une salle importante : le sento ! Du coup, il m'est obligatoire de me rendre à nouveau, dans un avenir proche, dans le haikyo de l'hôtel Jingoro.

L'après-midi étant déjà bien avancée, il me faut penser à entamer le chemin du retour. A travers la forêt, d'autres surprises m'attendent, comme par exemple un petit cimetière perdu au milieu de nulle part.



De retour à la civilisation, je fait une petite halte au temple Yashima-ji, le 84ème sur la route du pèlerinage de Shikoku. Justement, quelques pèlerins s'y repose après leur longue marche de la journée.





Quelques boutiques de souvenirs sont implantées près du temple. A cette heure-ci en semaine, les rideaux sont déjà baissés mais un éclat de lumière attire mon regard. En m'approchant un peu, je découvre une vitrine remplie de figurines de personnages de mangas et de jeux vidéo ! Laisser ça à la vue de tous sans surveillance, c'est assez incroyable !






Il me reste un peu de temps avant de reprendre le bus et je décide de m'offrir une crème glacée saveur matcha bienvenue. Aussi, je fait le tour du parking en passant devant l'entrée de l'aquarium et du balcon d'où la tradition veut que l'on lance des petites poteries à forme de disque à travers un anneau suspendu dans le vide. En cas de réussite, un vœu s'exaucera. Il y a une histoire derrière cette pratique mais c'est un peu long à raconter, donc ce sera le sujet d'un prochain post.





Je consacre mes derniers moments sur Yashima à perdre mon regard à l'horizon, sur la mer de Seto et sur toutes ces petites îles qu'il me tarde de visiter.




Nous voici donc arrivés à la fin de ce long sujet sur Yashima. Toutefois, il est fort probable que j'y retourne bientôt, non seulement pour visiter la partie sento de l'hôtel Jingoro que j'ai manquée mais aussi pour partir en randonnée jusqu'à l'extrémité nord de l'île. A suivre donc.

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